Les chemins bretons sont des fantaisistes
Qui vont de travers au lieu d'aller droit ;
Ils seront toujours aimés des artistes.
Pour avoir l'ombrage et l'abri d'un toit,
Les chemins bretons font, avec leurs branches,
Entre deux talus un tunnel étroit.
Lorsqu'en les jardins s'ouvrent les pervenches,
Ils sont aussi beaux, les chemins bretons,
Avec leurs fleurs d'or, avec leurs fleurs blanches.
Les chemins bretons ont des hannetons,
Bourdonnant, le soir, comme des abeilles,
Et des chants d'oiseaux dits sur tous les tons.
Comme en se signant l'assurent les vieilles,
Les chemins bretons, peuplés de lutins,
Lorsque vient la nuit sont pleins de merveilles.
Les chemins bretons ne sont pas certains
De bien savoir où le bon Dieu les mène ;
Qu'importe ! Ils s'en vont vers de gais lointains :
N'est-ce pas ainsi qu'est la vie humaine ?
Jos Parker – Barde Fouesnantais
Extrait du recueil du « Livre champêtre » paru en 1893.